C’est au grand galop qu’elle partit de Limoges, son coursier gris avait l’habitude des pointes de vitesse qu’elle lui faisait prendre, il avait le pied sûr et avait une excellente faculté de récupération.
Le Domaine paraissait vaste, elle emprunta l’allée qui remontait à la bâtisse en demandant le trot à Valen puis le pas avant de l'arrêter et de descendre.
Passant les rennes par-dessus l’encolure elle les maintint de sa main dextre tout en s’époussetant de l’autre , un minimum de présentation était de rigueur en ce jour, elle n’allait pas faire honte à son parrain.
Machinalement sa main se glissa sur ses cheveux que fort heureusement elle avait attachés en un chignon bien serré recouvert d’un morceau de cuir noir.
De son regard azur elle balaya les lieux et vit un anneau d’attache, léger claquement de langue, bruits des sabots sur le sol, Valen la suit sans hésiter une seconde, puis elle fixe les rennes à l’anneau.
Une caresse à sa monture, et d’un pas décidé la blondinette se dirige vers l’entrée, entrée bien gardée apparemment.
Affichant son plus beau sourire, elle observe le garde tout en s’approchant de lui, arrivée à sa hauteur, ni crainte, ni peur, trop habituée à faire des tours de gardes elle-même, la plus décontractée et naturelle possible.
Mais voilà qu’au moment de se présenter un affreux doute surgit, comment appeler Erabal, Messire, Sieur ...elle l’appelait toujours Erabal. Mieux valait faire simple pour ne pas se vautrer dans les étiquettes.
Bonjour, je suis Victoire la filleule d’Erabal, mon parrain doit m’attendre.
Et de rester là, devant lui, toujours sourire aux lèvres, bien campée sur ses deux jambes, prête à tout, on ne sait jamais….